Intervention complète de Marie-Noelle Biguinet
Objet : budget 2009. Analyse de la proposition de la majorité : évolution par rapport à 2008, axe politique retenu et ses conséquences financières et sur l'emploi.
"Monsieur le Maire,
Ce conseil est important pour plusieurs raisons : la première, c’est qu’il s’agit du
budget, c’est-à-dire des sommes que la collectivité va affecter à la
transformation de la ville, à la réparation de ses bâtiments, à la construction
ou à l’agrandissement d’autres équipements, aux services rendus à la
population,...
Le budget est donc le reflet de la politique de l’équipe
municipale en place, celle qu’elle entend mettre en place pour l’année à venir.
La 2eme raison, toute aussi
importante est qu’il s’agit de votre 1er
budget, celui que vous avez décidé de mettre en place, vous et votre
municipalité pour la réalisation de vos projets. C’est « votre » budget,
complètement et totalement décidé en pleine connaissance de cause, en pleine
responsabilité, sans les contraintes du budget de l’an dernier, qui était un
budget de transition.
Vous serez donc responsable des bonnes comme des mauvaises
choses, pour les nouveaux projets et
vous pourrez difficilement – et en tout cas de moins en moins, faire porter
« le chapeau » à l’équipe précédente. On connaît la ficelle, qui
est d’accuser ses prédécesseurs d’avoir
laissé une mauvaise gestion, des dépenses qui s’envolaient,…le champion toute
catégorie de ce type d’exercice d’intoxication étant le Président de la CAPM- P.Moscovici..
Heureusement que la cour des comptes et le cabinet d’études
financières –Ernst et Young- sont passés par là l’an dernier et que leurs
études ont confirmé et attesté de la
solidité des finances et de la bonne gestion budgétaire, tant à la ville
qu’à la CAPM. Et au fond, si vous pensiez réellement que la gestion était si mauvaise que ça, vous auriez
fait faire un audit sur les finances. Vous pouvez encore le faire, il n’est pas
encore trop tard, mais je doute très sincèrement que vous lanciez dans cette
opération périlleuse -pour vous -.
Nous nous sommes donc mis - à comparer les sommes– mais le
constat n’est lui ni étonnant, ni amusant - à comparer les budgets d’investissement et de
fonctionnement de 2008 - notre budget- et de 2009 - votre budget…. Et, je n’ai qu’une phrase à dire à ce sujet:
CHARITE BIEN ORDONNEE COMMENCE PAR SOI MEME.
Vous vous servez avant de servir les Montbéliardais.
En même temps que l’augmentation des indemnités des élus, vous augmentez de
100% les frais de mission de ces mêmes élus. Mais, c’est vrai qu’un voyage au Burkina-Faso à 3 personnes de la ville-
2 fonctionnaires et un élu- comme vous l’avez fait le mois dernier, cela
représente une somme d’environ 5000 euros (à comparer au 10 000€ de don
pour cette opération), somme qui aurait pu, qui aurait du être affectée pour
l’aide réelle et concrète aux populations déshéritées que vous prétendez
vouloir aider. Sans compter pour l’anecdote – mais anecdote parlante- que vous
vous êtes adjoints pour ce voyage, l’assistance technique de plusieurs personnes
de la CAPM. Ce sont donc au moins 5 personnes qui se
sont rendues sur place pendant 6 jours pour vérifier la bonne utilisation des fonds. Croyez-vous que ce
soit bien raisonnable en temps normal et à plus forte raison en période de
crise ? Que va en penser l’ouvrier qui ne recevra pas d’augmentation ou
celui qui va perdre son travail ?
N’oublions pas non plus que vous avez à votre service
personnel, un cabinet politique ruineux pour le contribuable, cabinet qui
n’existait pas de notre temps. Ces petites bagatelles représentent malgré tout
la somme de 200 000 € par an ; ces embauches, coûteuses, en quoi
servent-elles les montbéliardais ; qu’est-ce que ça leur apporte dans leur
vie de tous les jours ? Ces embauches vous servent, à vous, c’est tout ; prenez garde qu’elles ne vous
desservent !
Au-delà de ces considérations, je voudrais commenter d’un
peu plus près les chiffres.
Tout d’abord, je rappelle que la population de Montbéliard,
malgré les efforts consentis en termes de lotissements et de constructions, a baissé : ce n’est ni un scoop,
ni un phénomène étrange, il en est ainsi partout : les gens s’éloignent
des villes centre pour construire aux alentours où le terrain, les impôts, la
vie en générale est moins chère. Monsieur Brice Teinturier, directeur adjoint
de la SOFRESl’a d’ailleurs bien rappelé aux « états généraux » de jeudi dernier. Vous
n’allez pas le contredire ! La baisse d’activité de Peugeot n’est pas non
plus sans incidence sur ce phénomène à Montbéliard. Même Audincourt, la ville
dont la gestion nous a été tant vantée a aussi perdu des habitants! Or il est capital de prendre en compte ce paramètre pour avoir une vision juste de
l’évolution des choses et pour bien gérer une ville. Je constate que vous n’avez ab-so-lu-ment pas tenu compte de
la baisse de la population. Comme vous semblez ne pas avoir vu qu’une crise énorme se profilait à l’horizon. On
pourrait presque vous entendre chanter : « Tout va très bien Madame la marquise, tout va très bien… » On
sait comment finit la chanson…
Il apparaît à la lecture des chiffres que vous augmentez les
dépenses de fonctionnement de 2,3%, mais en réalité, avec la baisse de la population
que je viens d’évoquer, c’est donc de +7% par habitant que vous augmentez les
coûts de fonctionnement. Ce qui est
gravissime, à l’heure actuelle. Mais vous ne vous arrêtez pas là, vous vous entêtez
dans ces dépenses irresponsables en alourdissant
l’endettement de +32% par habitant,
c’est à dire que vous augmentez la dette de +251€ par personne, soit +1000€ de
plus pour une famille de 2 enfants ! Manifestement vous n’avez pas vu
non plus que la crise était là et que les gens devaient déjà se serrer la
ceinture. Vous ne l’aviez déjà pas vu puisque vous avez accepté de voter l’augmentation
de 23% de la taxe sur les ordures ménagères, taxe payée par tout le monde, y compris les gens en
situation de précarité. Vous viendrez ensuite pleurer sur le pouvoir d’achat.
Revenons à ces 1000€ de dettes en plus, c’est comme si vous doubliez la taxe d’habitation pour 2009, car les emprunts, il faut bien les
rembourser un jour... Loic Niepceron, un de vos amis politiques, Vice Président socialiste à la Région dit régulièrement en
signe d’avertissement : « les
emprunts d’aujourd’hui sont les impôts de demain ». Vous n’oserez pas
le contredire. Et vous n’oserez pas non plus –on comprend !- doubler la
taxe d’habitation !...Vous endettez donc plus fort les Montbéliardais pour faire
des dépenses courantes. C’est une honte !
Les « dépenses courantes » augmentent de 2, 3%. Je
vous ferais remarquer que les ouvriers de Peugeot –ça vient d’être annoncé la semaine
dernière- ne seront eux, augmentés que de 1% en 2009... Au passage, notons aussi
que la dotation d’état augmente de 2,6%, plus que l’inflation, il faudra donc oublier la ritournelle sur l’Etat qui aide
de moins en moins les communes.
Je note aussi que parmi ces « dépenses courantes », une rubrique bien
obscure « autres charges de gestion courantes » qui augmente-elle- de 8,5%, soit de +527 k€. Vous
avez beau communiquer sur la réduction du coût de la com., c’est l’arbre qui
cache la forêt, vous augmentez les dépenses. Un point c’est tout !
Il est clair que dans ce budget aucun
effort n’est fait pour réduire les dépenses « de tous les jours ».
Je tiens à signaler que je réfute le taux d’augmentation que
vous annoncez pour la subvention au CCAS, taux que vous affichez à 4,5%, soit
125 000 € de plus que l’an dernier. Il s’agit d’une manipulation des
chiffres pour afficher une politique sociale soit disant forte. En effet, sur
ces 125 000 €, 60 000€ étaient déjà versés par la ville à des
associations sociales et caritatives. Vous transférez ces 60 000€ sur le
budget du CCAS, le gonflant donc artificiellement de cette même somme.
En réalité la
subvention de la ville au CCAS n’augmente que de 2,8%, sans aucun nouveau projet
social notable
Le point suivant de mon propos concernera les dépenses d’investissement.
Il est évident qu’on ne peut gérer comme vous le faites,
sans diminuer certaines dépenses. Et bien entendu, vous suivez le penchant
naturel des vieux élus socialistes « type 4ième république » qui est
de diminuer les investissements, au profit des dépenses de fonctionnement. Un
chiffre à ce propos; le budget
investissement de notre ville pour 2009 baisse de 618 000 euros ! Ce n’est pas une mince affaire ; cela
veut dire tout simplement que certains travaux ne seront pas réalisés,
certaines réparations ne seront pas effectuées. Je cite quelques exemples pris
dans les documents que vous nous avez fournis ; vous diminuez le budget du
matériel d’incendie et de protection
civile,vous diminuez le budget du matériel et de l’outillage de voierie, vous
baissez considérablement le budget des travaux des bâtiments, c.a.d des
écoles.. etc.
Au total, naturellement, les investissements globaux baissent. De -3,8% en moyenne, de -4,9% pour les équipements.
C’est le bon sens, c’est ce que tout gestionnaire compétent
et responsable aurait fait.
Il n’y a aucun doute
sur la nature de votre projet : il est dépensier, léger, irresponsable
et les Montbéliardais doivent en être bien informés.
Votre proposition de budget est
cohérente avec les orientations
budgétaires que vous nous avez présentées lors du dernier conseil
municipal, mais cette cohérence est
irresponsable :
par amnésie, car vous
aviez tant promis de favoriser l’emploi lors de la campagne électorale, à la Petite-Hollande en
particulier .
ou par autisme, car même l’enquête des « états
généraux » du futur confirme à 91% l’évidence
que les gens veulent qu’on s’attaque au problème de l’emploi.
Cette cohérence va à l’encontre des besoins, des demandes de
la population, à l’encontre d’un indispensable soutien fort à l’économie, à
l’encontre du maintien ou de la création d’emplois.
Il est pourtant clair que cette cohérence est malheureusement totalement incohérente, car
contradictoire avec votre objectif affiché de défendre l’emploi.
Dans une période comme aujourd’hui, cette cohérence incohérente est coupable !
Bien entendu nous ne voterons pas un budget en tel décalage avec les difficultés
du temps.
Je vous remercie de votre attention.
Marie-Noelle Biguinet